À Ottawa, les partis se sont entendus pour adopter certaines
dispositions du
projet de loi sur l'élimination du pardon pour les
prédateurs sexuels et les détenus qui ont commis certains crimes
violents, comme Karla Homolka.
Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a annoncé, mercredi,
que le Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois avaient déjà
signifié leur accord et que le Parti libéral en était à étudier des
détails mineurs.
« Je peux dire que nous sommes parvenus à un accord en ce qui
concerne les éléments importants de notre projet de loi, de sorte que
les criminels notoires ne pourront pas obtenir un pardon », a déclaré le
ministre Toews.
Il a précisé que le
projet original, C-23, proposé le mois dernier, n'avait pas
été adopté dans son intégralité.
Les autres clauses du projet devraient être référées ultérieurement à
un comité parlementaire.
L'urgence de faire adopter la loi, même en partie, avant la fin de la
session parlementaire découlerait du fait que la meurtrière Karla
Homolka pourrait obtenir son pardon cet été. Elle devrait y être
admissible cinq ans après
sa libération de prison, le 5 juillet prochain.
Le temps pressait donc pour les parlementaires, puisque les travaux
pourraient se terminer jeudi.
Interrogé sur la possibilité que la loi soit passée en vitesse pour
empêcher spécifiquement l'ex-compagne de Paul Bernardo d'obtenir un
pardon judiciaire, le ministre Toews est resté évasif. « Je crois que
des personnes comme celle que vous venez de mentionner ne devraient pas
jouir d'un pardon », a-t-il répondu.
Plus tôt dans la journée de mercredi, les libéraux se disaient
ouverts au projet, mais reprochaient aux conservateurs de l'avoir déposé
à la dernière minute.
« Tous les partis sont totalement d'accord avec le concept d'arrêt de
pardon pour quelqu'un comme Karla Homolka, mais en même temps, [avec]
le projet de loi qui existe maintenant, il y a des problèmes », a
soutenu le député libéral d'Ajax-Pickering, Mark Holland, à sa sortie de
la Chambre.
« Nous avons proposé des solutions », a de son côté déclaré le chef
néo-démocrate, Jack Layton. Son parti, a-t-il dit, veut s'assurer que
« Karla Homolka ne recevra pas un pardon ».
À sa sortie de la Chambre, le chef bloquiste, Gilles Duceppe, a
indiqué qu'il était en faveur du projet de loi dans le « cas précis » de
Karla Homolka. « Mais on ne veut pas agrandir ça à l'ensemble de tous
les cas. C'est pour cela que le projet a été scindé », a-t-il ajouté.
Une récupération politique, selon l'oppositionDepuis le dépôt du projet de loi, il y a quelques semaines,
l'opposition restait hésitante, affirmant notamment que le gouvernement
Harper utilisait le nom de Karla Homolka pour faire adopter sans examen
approfondi un projet mal ficelé.
La portée du projet de loi était trop large au goût de l'opposition,
qui s'objecte notamment à ce qu'il s'applique aux jeunes criminels.
Le NPD avait alors proposé de scinder le projet de façon à ce que la
portion s'appliquant aux criminels comme Homolka passe rapidement et que
d'autres dispositions soient adoptées ultérieurement.Le ministre Toews avait rejeté cette option, considérant que cela
aurait pour effet de vider la loi de son contenu.
Le gouvernement conservateur avait présenté son projet de loi après
que les médias eurent révélé que la Commission nationale des libérations
conditionnelles eut accordé un
pardon à Graham Jameshttp://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2010/06/16/003-taews-pardon-homolka.shtml